Évidemment, les métiers évoluent, au rythme des technologies et des tendances du marché. Les jargons métiers, comme le nôtre, n’échappent pas à ce mouvement, même s’ils se diluent parfois pour perdre en sens et créer une forme de distance entre “ceux qui savent” et les autres. “La data” et son champ sémantique en est un exemple frappant. Voici (en partie) pourquoi.
Préambule : le dico de Conjecto
Revenons d’abord à la définition de ces termes. La donnée, ou la data, désigne tout simplement un élément brut, sans contexte, qui n’a pas été analysé. Une date de naissance est une donnée, le nombre de visiteurs dans un lieu en est aussi une. Dès lors qu’on associe plusieurs données pour les interpréter, on parle d’information. Le stade ultime étant la connaissance, lorsque ces informations sont partagées et assimilées par plusieurs personnes (ou machines, car on parle aussi de “knowledge management” depuis fort longtemps).
Aujourd’hui pourtant, le terme “donnée” dans sa VF est limité : on l’associe par défaut au RGPD, aux Systèmes d’Informations (SI) ou à la propriété intellectuelle. Des univers relativement normés et contraints. À l’inverse, “la data” paraît beaucoup plus vaste, presque impalpable avec cette connotation innovante que n’a pas la “donnée”. On notera par ailleurs que le singulier est largement utilisé pour désigner une multitude d’éléments bruts.
Coup d’oeil dans le rétroviseur de la donnée / data
Comment expliquer cette différence entre deux équivalences ? Par l’arrivée soudaine de deux expressions dans notre quotidien : le Big Data, si important qu’on lui ajoute des majuscules, et la data, qui nous permet d’accéder aux Internets mondiaux via notre smartphone. Des termes qui ont fait leur apparition quasi en simultané, une poignée d’années après la création de Conjecto. Aussi qualifiée d’or noir, la “Grosse Donnée” désignait pour sa part la masse de données disponibles, à exploiter par les entreprises — pour mieux connaitre leurs consommateurs, pour recruter, et pour innover. Un sujet nébuleux pour bon nombre de ces entreprises. Heureusement, les possibilités offertes par “la data” sont bien plus accessibles aujourd’hui qu’elles ne l'étaient hier.
Bref, le terme “data” s’est progressivement imposé pour détrôner sa traduction française. Et pourquoi pas, tant que les mots sont clairs et largement compris par tous.
La (vraie) question de l’innovation par la donnée / data
Qu’on parle de data ou de donnée, le potentiel est énorme pour les entreprises privées ou les acteurs publics — mais aussi pour les personnes comme vous et moi. C’est même l’une des clés de l’innovation, tant cette matière brute reste à exploiter. Une matière à détecter (en interne ou en externe, en open data ou monétisée), à raffiner et à adapter aux enjeux de chacun. C’est d’ailleurs la quintessence de notre approche, dans tous les projets sur lesquels nous collaborons : extraire l’enjeu, le besoin, le contexte, la finalité qui donnent toute leur richesse aux données manipulées.
Alors “data” ou "donnée'' ? En Bretons que nous sommes, la réponse sera normande : les deux. Car si nous savons que ce terme “data” largement utilisé est flou, nous devons nous en emparer pour adopter un langage commun avec nos interlocuteurs, et expliquer, transmettre… pour innover ensemble.